Atelier "Estime de soi" au lycée Félix Eboué

Mis à jour le jeudi 25 avril 2024 , par Legal Marina

Interview de Camille Motais
Professseure de SES au Lycée Félix Eboué à Cayenne
Porteuse du projet
CARDIE

« Atelier estime de soi »

Bonjour Camille, en quelques mots, comment est venue l’idée de ton projet :

« Depuis 5 ans, référente harcèlement scolaire dans le lycée, j’observe beaucoup d’élèves qui disent avoir peur de venir au lycée, de mal vivre leurs relations avec leurs camarades, avoir la boule au ventre quand ils sont en classe, le stress.. et des élèves qui ont très peur de ne pas réussir, d’échouer à 15 ans.! Ce constat, m’a paru désagréable, dans le sens où je me demande comment à 15 ans, on peut avoir l’impression d’avoir raté sa vie, comme le rapportent certains élèves. A force de recherche pour travailler sur la thématique du harcèlement, je me suis beaucoup intéressée aux compétences psycho-sociales et j’ai fait des formations avec « Guyane promo santé ». Cela m’a donné envie d’animer cet atelier qui avait pour but de proposer aux élèves volontaires de discuter de thématiques sur : « C’est quoi les émotions ? « « C’est quoi les sentiments ? « « Comment on apprend à gérer ses émotions ? Dans la vie au lycée ou à l’extérieur. »

En quoi ce projet est-il innovant selon toi ?

« Pour moi, c’est un projet innovant, dans le sens où les élèves n’ont pas beaucoup d’espace de paroles pour parler de leur quotidien d’élève, d’adolescent, où ils peuvent échanger… Exemple : la première séance a consisté à leur demander pourquoi ils avaient envie de venir ? Et leurs réponses ont été qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls à avoir peur…

Ce projet pour moi est innovant, parce qu’il permet de donner à l’élève la responsabilité d’apprendre à se connaître et de comprendre qu‘il a les ressources pour réussir et qu’il est capable de réussir par lui-même. »

Comment as tu sélectionné les élèves ?

« Cette année, comme c’était une première, j’ai voulu laisser venir les élèves sur la base du volontariat…. Au départ, je souhaitais un petit groupe de 10 élèves pour pouvoir créer une cohésion de groupe pour que cela soit facile, qu’il n’y ait pas d’appréhension des élèves pour pouvoir témoigner, pour pouvoir participer librement. Au final, j’ai une quinzaine d’élèves de manière régulière. C’est un chiffre raisonnable, cela permet d’avoir un nombre d’élèves suffisant pour participer de plus il y a une cohésion qui s’est faite de suite entre eux, du coup c’est très « safe » comme endroit et je me dis qu’ils aiment venir dans ce groupe parce que c’est leur espace où ils peuvent s’exprimer, parler de tout et de rien. »

Quel constat fais-tu sur l’évolution des élèves au sein du groupe depuis qu’ils y sont ?

« Je note beaucoup plus de bienveillance envers eux-même sur la gestion de l’échec, de l’erreur,. Au début, ils étaient très difficiles envers eux-même. C’était bien plus sombre, plus négatif aujourd’hui même si cela n’est pas totalement positif, il y a toujours une petite phrase qui l’est sur ce qu’ils ont réussi à faire où sur ce dont ils sont contents.
L’impression que j’ai, c’est qu’ils se sentent de mieux en mieux et surtout c’est qu’ils arrivent de mieux en mieux à se comprendre, à se gérer en terme d’émotions… »

Comment procèdes tu dans tes ateliers ?

« Alors, le petit atelier que je fais toujours en début de séance, c’est la photo expression. J’ai pris des smileys, parce que c’est plus abordable pour des lycéens. Et, en fait l’idée, c’est qu’ils en choisissent une ou deux parmi toutes ces cartes qui représentent plein de situations différentes, plein d’émotions…drôles, négatives…Ces cartes vont permettent de mettre en lumière, de témoigner de leur état émotionnel du moment et ces cartes les amènent à parler d’eux, ce qui est pas forcément évident pour des adolescents. Ils parlent de ce qui va et de ce qui ne va pas. Cet atelier leur permet de prendre conscience qu’ils ont tous des problématiques parfois différentes parfois similaires, qu’ils ont tous des passages à vide ou qu’ils vont très bien et que tout cela est normal et qu’ils ont le droit de s’exprimer là-dessus ».

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